Maroc : Saint-Gobain résiste à l’arrivée du japonais Asahi

Même pas peur ! L’arrivée prochaine sur le marché marocain d’un de ses grands rivaux mondiaux, le japonais Asahi Glass ne fait pas trembler Saint-Gobain. Le groupe français va lancer une troisième phase d’expansion de son usine verrière de Kenitra, au nord de Rabat, qui fabrique des pare-brise essentiellement pour Renault Maroc  et ses usines de Tanger et Casablanca.

Ce nouvel investissement de 247 millions de dirhams (22 millions €) a été validé fin juin par le comité d’investissement du géant du CAC40. Le projet suit un précédent investissement de 19 millions € en 2016. Il a déjà fait l’objet d’une convention avec le ministère de l’Industrie marocain signée le 6 juillet à Rabat par Moulay Hafid Elalamy et Gilles Abensour, un citoyen marocain, qui pilote les opérations du groupe dans le royaume. Via le Fonds Hassan II et le Fonds de développement industriel, le projet compte bénéficier d’environ 30 millions de dirhams (2,8 millions €) de subventions dans le cadre des programmes standards d’aide à l’investissement. Quatre vingt embauches sont prévues sur le site qui emploie environ 150 salariés.

Le site Saint-Gobain situé sur la zone franche Atlantic Free Zone à deux pas de la future usine PSA a ouvert en 2012. La nouvelle phase consiste en une troisième ligne de production qui permettra de fabriquer, c’est une nouveauté, des éléments de vitrage non frontaux (vitres arrières et latérales). À l’issue des travaux, la capacité, actuellement de 800 000 pare-brises par an, va passer à plus de 1 million de pièces, soit la plus grosse usine pour l’automobile de Saint-Gobain en Afrique. Pour rappel, le site importe des plaques de verre brut qui sont traitées et mises en forme dans l’usine.

Cette nouvelle phase d’expansion intervient alors que Saint-Gobain n’est plus longtemps le seul verrier automobile au Maroc.

En juin 2016, dans la roue de PSA, Asahi Glass a annoncé un investissement massif dans le royaume chérifien. Pour s’y implanter, le groupe japonais a mis à contribution sa filiale belge AGC Europe, située à Louvain et qui s’est associée avec Induver. Ce groupe familial de Casablanca est déjà présent dans le verre pour la seconde monte. Son activité industrielle est dirigée par Hakim Abdelmoumen, un ingénieur du CNAM par ailleurs président depuis 2012 de l‘AMICA, la très active fédération de l’industrie automobile.

Les deux partenaires ont déjà lancé leur projet d’usine de 1,2 milliard de dirhams (110 millions €) également située à Kenitra et qui doit ouvrir en 2019 – comme le site de Peugeot. Si on ne connaît pas le détail des accords financiers entre AGC et Induver, la co-entreprise a sollicité en mai 2017 un prêt de 57 millions € auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI) de plus en plus active au Maroc.

Avec l’arrivée d‘AGC Induver, Saint-Gobain pourra difficilement espérer décroche le juteux marché de PSA (200 000 véhicules par an à terme). En effet, AGC est l’un des fournisseurs attitrés de PSA Peugeot Citroën en Europe.

Pas de quoi rafraîchir donc les ardeurs de Saint-Gobain dont l’investissement cumulé au Maroc dans le verre atteint désormais 607 millions de dirhams (55 millions d’euros). Depuis 2012 son site de Kenitra a bénéficié de la montée en puissance de l’usine Renault Tanger (qui vient de fêter son millionième véhicule assemblé) et trouvé aussi de nouveaux débouchés. Stratégie pas forcement anticipée au départ, le site est en effet devenu assez compétitif pour exporter. Il le fait vers l’Europe du sud et marginalement en Afrique.

Aujourd’hui, l’export pèse 20% de l’activité. Selon une source interne, cette part peut monter à 30% après la réalisation de la phase 3, a appris Jeune Afrique Business+. Et peut-être plus. Pour être au large, le groupe vient d’acquérir du nouveau foncier sur la zone franche portant son emprise totale à 10 ha.